Je pense que c'est intéressant de ne pas être… c'est discutable ce que je vais dire, mais moi je pense que c'est bien que je ne sois pas la personne qui par ailleurs les aide. C'est-à-dire que je constate que quand c'est mon assistant social ou mon psychiatre qui anime le groupe, ben hier j'étais en entretien avec lui, on était dans cette relation d'aide classique, aidant aidé, quoi. Et, le lendemain, on est dans un groupe où c'est moi qui deviens l'aidant.
Dans l'idéal, c'est top. Quand il y a une relation construite qui est belle, je suis sûre que c'est possible. Mais je pense qu'on se facilite pas la tâche. Et c'est plus facile pour moi, qui au sein du GRAAP n'ai pas un rôle d'assistante sociale ou de psychothérapeute, c'est plus facile d'arriver en disant : "Aujourd'hui, c'est vous qui allez m'expliquer les choses."
Aussi parce que je ne sais rien de leurs diagnostics, de leurs projets au sein du GRAAP. Je ne sais rien de tout ce qui est leur programme psychosocial. C'est pas mon problème, en fait. Moi, je pense que ça facilite l'émergence de cette expertise. Les rôles sont clairs. Moi je sais pas, eux ils savent. Ça, c'est une chose.
Je pense intéressant de le faire sur le assez long terme. Je vois, au sein du GRAAP, il y a une vingtaine de personnes avec qui j'ai tissé une relation de confiance. Je les connais bien. Je les ai vu aller bien et pas bien. Et je peux me permettre de les solliciter sur une expertise ou de les utiliser – au bon sens du terme – pour relancer un débat.
Par exemple, de dire : "Je me permets de te demander si t'as quelque chose à dire, par rapport à la question de ce journaliste. Parce que tu m'avais dit il y a deux trois ans que c'était un sujet qui t'importait beaucoup. Est-ce que tu serais ok de lui dire ce que tu m'avais dit à l'époque ?"