Au niveau du dispositif ESPER, aujourd'hui, je suis la coordinatrice. Je travaille en binôme avec les pairs aidants bénévoles qui font partie de Pouvoir d'agir 53. Alors que, dans le dispositif ESPER, on va retrouver plus des professionnels, des travailleurs pairs professionnels.
Mais je travaille tout le temps en binôme, de toute façon. Soit avec un pair aidant bénévole, soit avec des pairs, soit avec des personnes ressources. On a choisi le fait de travailler en binôme pour être plus tranquilles, plus rassurés.
C'est vrai que on gère aussi la fatigue de cette façon-là. Et on apporte aussi davantage de qualité au niveau de l'accompagnement, si on est en binôme plutôt qu'en individuel. Après, il faut savoir que, si la personne ne souhaite pas qu'on soit en binôme, on intervient en individuel.
Je dirais qu'au niveau d'ESPER, ce qui est vraiment important c'est redonner l'espoir aux personnes. Après, c'est pas parce que je suis travailleur paire que la connexion va se faire avec toutes les personnes. Ça peut se faire avec certaines, pas avec d'autres, mais c'est pas grave.
Je peux accueillir les personnes et, si je me rends compte qu'il y a plus de connexions avec d'autres personnes, je mets en lien les pairs avec d'autres pairs, ou d'autres pairs aidants bénévoles. En effet, c'est pas parce qu'on a le statut ou la fonction de pair aidant que la connexion se fait avec tout le monde. Je voulais préciser ça, parce que je pense que c'est important.
L'essentiel aussi, pour nous, quand une personne arrive, c'est qu'elle reparte avec le sourire. Même si c'est un laps de temps très court, c'est déjà gagné que de revoir la personne avec un sourire, ou avec un peu d'espoir. Et ça c'est primordial.
Au niveau d'ESPER, on propose des temps individuels, des temps plus collectifs, des accompagnements aussi dans les démarches administratives. Mais on part vraiment de l'idée que toute personne a des compétences. Et, à partir de là, on voit avec elle quelles compétences elle souhaite d'autres personnes, d'autres pairs.
Par exemple, ça peut jouer un rôle d'entraide entre pairs. C'est-à-dire, quand il y a une personne en phase basse qui, par exemple a une maison, et qui n'a pas suffisamment d'énergie pour entretenir son jardin, un autre pair – qui a des compétences à ce niveau – va pouvoir aller aider cette personne-là, en phase basse.
Il y a ce qu'on appelle de la réciprocité de l'entraide. La personne, d'un côté, se sent utile parce qu'elle a rendu service. Et l'autre se sent aussi je dirais reconnue et utile, parce que des fois elle rend aussi service à l'autre.
Et c'est quelque chose de réciproque qui se joue. Et ça, c'est très important, et c'est dans tous les domaines. Parce que la personne qui arrive a des compétences du fait de son vécu et de son parcours – qu'il soit professionnel, social, scolaire ou extra-scolaire. Donc on part vraiment de ça.