Ces éléments de compréhension du travail organisationnel et des difficultés à tenir son poste, quand on est soignant, m'ont naturellement conduit à vouloir comprendre le point de vue des usagers. C'est ce que je peux faire aujourd'hui, grâce à l'étude sur les directives anticipées incitatives en psychiatrie.
Je m'entretiens avec des usagers de la psychiatrie pour essayer de comprendre leur expérience de leur passage à l'hôpital. Comprendre ce que ça fait, d'un point de vue d'usager – ou de patient, selon l'étiquette qu'on lui donne – comprendre ce que ça fait que d'être en lien avec l'institution psychiatrique, l'organisation psychiatrique, le travail à l'hôpital. Et comprendre cette expérience.
Ce qui m'a frappé en entretien, c'est de voir à quel point l'expérience de l'hôpital rajoutait au poids de la maladie. Comprendre à quel point le passage à l'hôpital psychiatrique, du fait du stigmate de l'hôpital, mais aussi du fait des pratiques hospitalières, induisait une forme de traumatisme.
C'est l'expression que la plupart des usagers emploient. Ils parlent de traumatisme qu'il faut soigner par la parole. En essayant de revenir sur ces hospitalisations. Et c'est ce que l'on fait en entretien. En revenant sur leur expérience, on sent qu'il y a une bouffée d'oxygène qui se crée. Et que, finalement, ce passage à l'hôpital est traumatique. Et qu'il doit être discuté, mis en débat, questionné.
Donc, c'est vraiment un point qui me parait fondamental. C'est de dire que, au poids de la maladie, se sur-ajoute le fardeau du traumatisme lié à la prise en charge de cette maladie et à ces traitements.
Donc l'intérêt que je vois dans ces directives anticipées est double. Il est à la fois de mettre en débat cette expérience de l'hospitalisation, qui peut être traumatique. Et d'essayer d'améliorer la prise en charge en psychiatrie en anticipant une éventuelle nouvelle crise. Et en essayant de faire bouger un peu les lignes dans le travail hospitalier.